Comment ouvrir une salle d’escalade ? avec Florent Wolff

L’alsacien Florent Wolff, associé depuis 2021 au groupe BlocSession et fondateur de la salle BlocSession Strasbourg, répond à vos questions en rapport avec l’ouverture d’une salle d’escalade !

Ouvrir une salle d'escalade
Comment ouvrir une salle d’escalade ? avec Florent Wolff, fondateur de BlocSession Strasbourg.
Peux-tu te présenter ?

Je suis un grimpeur passionné depuis 1994. J’ai eu la chance de parcourir de nombreuses falaises en Europe et en Amérique. Je fais principalement de l’escalade sportive, j’ai aussi touché à l’alpi, la compet, le « trad », du big wall, du bloc… Ma passion ne tarit pas mais j’ai juste moins de temps entre les obligations professionnelles, familiales… J’ai travaillé dans plusieurs salles d’escalade (comme entraîneur, ouvreur et, depuis 2014, comme fondateur/responsable). En 2021, je me suis associé avec le groupe Bloc Session pour développer de nouvelles structures dans le nord-est de la France avec, comme première ouverture en juin dernier, une belle salle au sud de Strasbourg.

Moniteur d'escalade

Non, il n’est pas indispensable d’être moniteur d’escalade pour ouvrir une salle. Il est surtout important d’avoir un vrai intérêt pour la pratique, d’être sérieux et travailleur (si si !). Avoir une compétence spécifique comme la possibilité d’encadrer, l’ouverture de blocs/voies, la communication, etc. peut s’avérer intéressant !

Argent

Cela dépend du type de salle que vous souhaitez faire. On peut imaginer une petite salle profitable qui aurait coûté moins de 100 000 €, tout comme une salle à 5 000 000€ peut, elle aussi, être rentable, à la condition qu’elle accueille beaucoup plus de clients… Il est surtout important de calibrer l’investissement initial au potentiel de la salle. Et aussi à vos moyens, car les banques financent rarement l’intégralité d’un projet. Globalement, les conditions d’octroi d’un crédit se durcissent et il vous faudra certainement mettre la main à la poche. Attention aussi aux coûts (matériaux de construction, matelas, prises, etc.) qui ont tendance à augmenter depuis quelques mois… Pour revenir à la question, on peut conclure en disant qu’il faut de plus en plus d’argent pour faire une salle d’escalade !

Qu'est-ce qui coûte cher ?

Principalement deux postes : les salaires et le loyer ! N’oubliez pas les factures d’électricité, notamment si la salle est grande : il semblerait que l’ère de l’énergie pas chère soit derrière nous 😉 Et enfin, prenez aussi en compte les remboursements du prêt bancaire initial…

faut-il mieux être franchisé ?

On peut ouvrir seul sa salle d’escalade, mais cela me semble de plus en plus dur. À la fois pour des raisons de financement (les banques vous prêteront plus facilement si vous êtes adossé à une franchise) et d’expertise : ouvrir et gérer une salle d’escalade demande des compétences différentes qu’il peut être long d’acquérir tout seul dans son coin. Vous allez gagner beaucoup de temps en vous associant à un groupe/franchiseur qui, s’il est sérieux, vous aidera dans de nombreuses démarches et vous empêchera de commettre quelques erreurs qui peuvent coûter très chères…

un restaurant dans une salle ?

Il n’y a pas un seul modèle de salle. Votre salle peut être petite, grande, ne proposer que de l’escalade ou pléthore de services annexes (restaurant, magasin, espace bien-être, etc.)… Tout dépend de ce que vous voulez/pouvez faire, et de la localisation de la salle. La « vraie » restauration (pas juste réchauffer du surgelé !) est un métier complexe, qui demande beaucoup d’énergie et de savoir-faire… Personnellement, cela ne m’a jamais attiré car ma passion, c’est bien l’escalade et pas la gestion d’une cuisine professionnelle. Par ailleurs, toutes ces salles de bloc adossées à des restaurants reste assez franco-français. Je n’ai pas souvent vu cela dans d’autres pays.

une petite ou une grande salle ?

Cela rejoint ma réponse précédente : tout est possible. Une petite salle bien placée/ bien conçue peut générer plus de profits qu’une grande salle mal placée ou mal gérée (ouvertures bâclées, etc.). Dans certaines grandes métropoles, les salles deviennent des commerces de proximité. Avec, un peu comme ce que l’on voit à Tokyo, de nombreuses petites salles de quartier. J’aime d’ailleurs bien cette idée que l’on soit de moins en moins dépendant de la voiture pour se rendre dans une salle d’escalade qui devient un lieu de vie à part entière et qui concourt à l’’animation d’un quartier !

« saturation » dans certaines villes ?

Peut-être mais je n’ai pas de certitudes à ce sujet car il faudrait se plonger dans des bilans financiers des salles pour tirer des conclusions solides… Par exemple en France, Toulouse ou Lille me semblent particulièrement bien dotées (trop ?), contrairement à Nice ou Grenoble (pour ce qui est des salles de bloc). Le potentiel en Ile-de-France et, plus encore, dans de nombreuses métropoles Européennes, me semble très important !

ouvrir en centre-ville ou en périphérie ?

Une fois de plus, pas de règle universelle ! On constate assez souvent qu’en périphérie, les salles s’agrandissent (le coût du foncier étant moindre) et qu’en centre-ville, les surfaces sont plus modestes (difficile de trouver un grand local et à un loyer « tenable »). Les deux modèles cohabitent mais j’aurais tendance à me méfier des salles uniquement accessibles en voiture. Ce modèle, dans des zones commerciales lointaines, me semble voué à l’obsolescence. Et qui plus est, ces implantations peuvent être assez dommageables écologiquement : urbanisation de terres agricoles, dépendance à des moyens de locomotion polluants, etc.

quel/les est/sont tes prochains projets ?

À Nancy, dans cette belle ville étudiante et très dynamique, nous allons ouvrir une grande salle de 650 m² à 10 minutes à vélo de la place Stanislas. Vous pouvez d’ores et déjà nous retrouvez sur le compte Instagram dédié à cette salle : BlocSession Nancy. Rendez-vous au printemps pour l’inauguration ! Et d’autres ouvertures suivront encore cette année…